Ce que j'aime par dessus tout, c'est avoir un impact positif sur les gens en les aidant à réaliser leurs aspirations dans la vie. Je pourrais même dire que c'est mon métier, du moins mon quotidien, et certainement la chose la plus importante dans ma vie.

Je m'appelle Dr Moses Arokoyo, et je vis au Nigéria. Aujourd'hui, 12 personnes vivent sous mon toit. Il y a bien sûr ma femme et mes deux enfants, mais aussi d'autres qui sont dans le besoin ; certains ont perdu leurs parents, d'autres leur partenaire, la plupart sont très pauvres, n'ont aucun soutien, et ont à peine de quoi vivre. Alors, je les héberge, parfois je paie leur éducation. Je partage ce que j'ai, un peu d'argent, des biens, un abri pour leur tête, une maison. Parfois, ce sont des membres de notre communauté. Chaque vie compte ; chaque vie est importante.

Vous ne pouvez pas imaginer la joie quand quelqu'un qui vit avec vous depuis plusieurs années vous annonce son mariage, et, de plus, vous demande d'accompagner la mariée à l'autel, assumant essentiellement le rôle du père ! C'est très émouvant parce que les « vrais » parents sont là, et le père vous dit : « Non, docteur Moses, c'est vous le père. » Il n'y a pas de joie sur terre qui surpasse cela. En fait, ça me fait monter les larmes aux yeux. Il y a aussi la fin des études, quand ils obtiennent leur diplôme universitaire. C'est une grande fierté d'être à leurs côtés ce jour-là. Alors, je me dis, c'est effectivement ça le sens de la vie, d'avoir un impact sur ma communauté.

À l'origine, je suis vétérinaire, mais j'ai aussi obtenu un MBA en affaires et leadership parce que je voulais valoriser mes compétences. Ma femme est infirmière, donc nous sommes tous les deux naturellement attirés par le contact humain, par l'envie d'aider les autres. Nous aimons rendre heureux les gens qui nous entourent. Par exemple, pendant l'épidémie de Covid, nous avons confectionné des « paniers bien-être » avec, entre autres, un peu d'argent dedans. Nous nous sommes installés dans un endroit central, avons fait une annonce, et les gens sont venus. C'était notre façon de les aider, et les voir heureux nous a apporté beaucoup de joie.

Alors, vous comprendrez que lorsque mon entreprise a mis en place le programme Making More Health, j'ai tout de suite été très intéressée, car cela ressemblait beaucoup à ce que je faisais déjà dans ma vie personnelle. Je me suis dit : « Super, mon entreprise veut aider les gens ! »

J'ai commencé par une mission au Ghana avec CowTribe. J'ai rencontré Peter Awin, qui m'a expliqué qu'il était un entrepreneur social. Je lui ai proposé de l'aider à aider les agriculteurs. En tant que vétérinaire, je pouvais facilement les former aux soins de leur bétail, mais aussi les aider à optimiser la présentation des produits à la vente, à établir des relations fructueuses... Pour eux, ce n'est pas une question de business, c'est une question de survie. Lorsque le Covid est arrivé, j'ai dit : « Il faut faire quelque chose pour ces agriculteurs, sinon ils perdront leurs animaux, qui sont leur seule source de revenus ». De plus, leurs enfants n'étaient pas scolarisés. Nous avons donc mis en place des programmes de soutien pour eux pendant cette période critique. Cela leur a permis de sauver leurs animaux.

Je suis engagé auprès de CowTribe depuis 2019. Je voyage de village en village, j'aide les agriculteurs avec leur bétail, j'organise des sessions de formation et je partage mon expérience. Je m'engage également beaucoup auprès de CowTribe sur les défis de formation et d'accompagnement.

Il y a un autre entrepreneur social Making More Health au Nigéria, Femi Kayode de Farmalert, avec qui j'ai travaillé. Avec lui, nous avons franchi une nouvelle étape. Nous avons créé une académie pour les agriculteurs. Je la visitais chaque semaine pour dispenser des formations sur des sujets comme les vaccins, la gestion du bétail... Nous avons vu des agriculteurs passer de 200 ou 300 volailles à 1 000, 2 000, voire 5 000 ! Farmalert récupérait les œufs et les rassemblait pour les vendre. Nous avons passé beaucoup de temps avec ces communautés, à décortiquer les choses, à simplifier les aspects techniques pour qu'elles puissent mieux comprendre, et aussi à identifier ce qu'elles faisaient bien et ce qui pouvait être amélioré.

Je continue à visiter des communautés, une en particulier. Vous auriez dû le voir la première fois que j'y suis allé avec ma femme... Ces enfants dans une école sans fenêtres, sans portes, avec un toit abîmé, des planchers arrachés à différents endroits... Ça m'a beaucoup inquiété. Alors, quand le partenariat de mon entreprise avec Farmalert a commencé, je les ai orientés vers une mission pour cette école. Il y avait 189 enfants répartis dans seulement 2 ou 3 classes, avec seulement 4 enseignants. Alors, avec Farmalert, nous avons initié un projet de rénovation. L'école a été repeinte, le toit réparé, les planchers refaits. C'était comme une nouvelle école. Les enfants étaient tellement contents !

Grâce à ce projet, j'ai sensibilisé d'autres collègues de mon entreprise à l'engagement communautaire, et je les ai impliqués dans l'aventure. Quand ils ont vu ce que nous avions réalisé ensemble avec l'école, certains m'ont dit : "Wow, Dr Moses, la prochaine fois que vous aurez un projet comme celui-là, je veux en faire partie". Voir tous ces enfants, près de deux cents enfants, si heureux, je pense que ça leur a vraiment ouvert les yeux.

Oui, bien sûr, tout cela prend du temps, en plus du temps passé au bureau… mais ce n’est pas un problème car je crois vraiment en cette mission, je crois que nous sommes là pour nous entraider. C’est quelque chose de très puissant, comme toute autre croyance ; le mariage ou la vie de famille… Il y a toujours du temps pour ce genre de choses.

C’est comme du mentorat, guider les plus jeunes vers leur épanouissement. Quand je vois quelqu’un de jeune, avec du potentiel, avec un rêve, avec de l’énergie, alors j’ai envie de le suivre, de contribuer à ce qui pourrait être un destin exceptionnel, de faire en sorte que ce destin ne soit pas gâché. Au départ, Barack Obama ne savait pas qu’il serait un jour président. Il a été élu grâce au soutien de beaucoup de gens. C’est pour cela que quand je vois des talents potentiels, je les contacte immédiatement, je n’attends pas qu’ils viennent à moi. Je fais tout ce que je peux pour avoir un impact sur leur vie, leur insuffler de l’espoir. C’est ce qui me fait avancer aussi. Ce sentiment de quitter un endroit dans un meilleur état que celui dans lequel je l’ai trouvé fait de moi un acteur du changement.

Je suis reconnaissante pour tout ce que j’ai dans la vie : mes parents, un toit au-dessus de ma tête, une éducation. Tout le monde n’a pas cette chance. C’est pourquoi nous devons partager ce que nous avons reçu avec les autres, ceux qui n’ont rien. J’ai confiance en l’avenir car, tant dans mon entreprise que dans ma vie personnelle, je sais que je continuerai à aider les autres et à avoir un impact. Beaucoup de gens comme moi donnent de leur temps, donc il y a de l’espoir pour l’avenir.

En tant qu’acteur du changement, il y a des défis à relever pour continuer à favoriser un avenir brillant. Tout d’abord, il y a la résistance au changement. Certains collègues ont du mal à changer leurs habitudes de travail, et personne ne peut les blâmer. Cela prend du temps et beaucoup de formation.

Ensuite, nous devons les impliquer dans le projet, leur donner toutes les raisons d’y croire. Parfois, j’entends : « Ce n’est pas dans ma description de poste. » Nous devons « leur prêter nos yeux », les aider à voir les choses comme nous les voyons.

Enfin, pour tout projet, il est primordial de trouver des financements. Dans ma vie personnelle, je puise dans l’épargne familiale car l’aide que nous apportons, ma femme et moi, est une priorité, elle fait partie intégrante de notre vie. Mais quand il s’agit de questions d’entreprise, c’est différent : il faut trouver des sponsors et les convaincre qu’ils vont contribuer à changer des vies. Ce n’est pas facile.

Si je devais choisir un moment mémorable de ces dernières années, ce serait celui d’une jeune femme que ma femme et moi avons prise sous notre aile. Lorsque nous l’avons rencontrée, nous avons tout de suite vu qu’elle avait beaucoup de potentiel mais absolument aucun moyen de poursuivre ses études. Elle a donc emménagé chez nous et nous l’avons aidée à aller à l’université jusqu’à ce qu’elle obtienne son diplôme. Elle est devenue très importante pour nous, car c’est la première personne à qui nous avons fait confiance pour s’occuper de notre fille alors qu’elle était encore jeune. Elle a obtenu son diplôme, puis un jeune homme l’a demandée en mariage. Elle ne l’a pas présenté à ses parents en premier, mais à nous, en demandant notre bénédiction.

Le jour de son mariage a été une journée très émouvante car c’est aussi le jour où elle a quitté notre maison pour aller vivre chez les parents de son mari. Je crois qu’elle a pleuré toutes les larmes de son corps. Nous aussi. Nous avons construit tant de choses ensemble ! J’avais l’impression que ma propre fille quittait la maison ! Grâce à elle, trois autres personnes sont venues vivre avec nous. Elles ont toutes fait des études universitaires et trouvé du travail… C’est très gratifiant pour nous.

J’ai très envie de partager cet esprit de générosité et de partage avec mes enfants. Ma fille a treize ans et mon fils neuf ans. Ils ont pleinement adopté notre mode de vie. Je me souviens d’un jour où je les ai emmenés dans des villages pour leur montrer comment était la vie là-bas. Je leur ai dit : « C’est la réalité quotidienne de ces enfants, ils luttent chaque jour pour réussir leur vie. Il faut apprendre à apprécier sa vie et la chance qu’on a : ses parents viennent vous chercher à l’école, ils vous nourrissent, ils s’occupent de vous, vous dormez dans votre propre lit… Ce n’est pas pareil pour tout le monde, il faut le savoir. »

Trois jours plus tard, mon fils est venu me voir avec un panier rempli de jouets. « Je veux les donner aux enfants qui n’ont rien », m’a-t-il dit. C’est là que j’ai compris que le message était passé, que mes enfants avaient intégré un bon état d’esprit.